Pas de répit

11 novembre 2013

Jérémie Beyou et Christopher Pratt évoluent dans le groupe de tête depuis leur départ du Havre. Après une traversée du golfe rude et franchement musclée, négociée avec prudence par le duo Maître CoQ, les deux marins ont réussi à s’emparer de la tête de la flotte des Imoca la nuit dernière. Au large du détroit de Gibraltar, la bataille océanique fait rage : il faut trouver le meilleur compromis entre trajectoire et vitesse… La course vient de commencer !

Comme prévu, l’entame de cette Transat Jacques Vabre 2013 fut plus une course sécuritaire que tactique. Ce n’est que depuis hier, dimanche, une fois le golfe de Gascogne, le « cogne dur » comme disent les marins, dans leur sillage, que les concurrents de la Transat Jacques Vabre ont pu remettre le curseur « course » au plus haut.
Jérémie et Christopher sont d’ailleurs très rapidement revenus aux avant-postes pour s’emparer de la tête de la flotte hier en fin de journée, suite au « pit-stop » technique de Macif.

Sans transition
Dès le passage du cap Finisterre et malgré la fatigue et le stress accumulés pendant la traversée du front dépressionnaire, le duo Maître CoQ ne s’est pas ménagé. Ils n’ont cessé d’enchaîner les manœuvres pour ajuster leur trajectoire au plus près de l’anticyclone des Açores, sans toutefois tomber dans ses griffes appelées « pétole » (zone sans vent).
Pari réussi hier, un peu moins aujourd’hui où, à la faveur d’une brise un peu plus soutenue près des côtes, Safran a pris l’avantage ce lundi matin.

Classements évolutifs
Mais les classements n’ont pas fini d’évoluer au cours de cette descente vers les alizés. Le jeu consistant toujours à trouver le meilleur compromis entre tracer la route la plus courte (la plus « ouest ») en bordure des hautes pressions et rester dans une zone suffisamment ventée. Un jeu tout en finesse où il faut prendre des risques mesurés… Un exercice que Jérémie et Christopher maîtrisent parfaitement.

Après trois jours de course, le duo commence à prendre ses habitudes de grand large. Le rythme des quarts s’installe, l’appétit revient, les automatismes sont de retour. La brise est cependant encore soutenue ce lundi, à l’approche de l’archipel de Madère, et le ciré est toujours de rigueur à bord de Maître CoQ. Soleil, douceur et accalmie ne sont pas prévus avant deux à trois jours.

Christopher Pratt, co-skipper Maître CoQ : « La nuit a été difficile, nous avons beaucoup manœuvré dans des conditions instables, ce qui explique que nous avons perdu un peu sur Safran qui bénéficie d’un vent un peu plus soutenu dans le sud. Mais nous préférons privilégier une trajectoire ouest, au plus proche de l’anticyclone. Nous avons encore 20 à 25 nœuds de vent avec des grains et une mer qui reste très formée. Il y a pas mal d’eau sur le pont ! Nous sommes toujours en cirés…
La vie à bord s’organise, c’est déjà beaucoup mieux que dans le golfe, mais ce n’est pas encore l’alizé ! Il faudra patienter encore 2 à 3 jours pour que ça se calme.
Côté stratégie, ce n’est pas évident, il faut toujours chercher à se décaler dans l’ouest (en vue de l’approche du pot au noir, ndlr) mais il y a plus de vent dans le sud, c’est un équilibre permanent à trouver.
La journée d’hier était super, c’est très agréable forcément de se retrouver en tête, mais la route est encore bien longue… »

Positions du 11 novembre 2013 à 11h
1. Safran à 4316,9 milles de l’arrivée
2. Maître CoQ à 12,9 milles du premier
3. PRB à 22,01 milles du premier
4. Cheminées Pujoulat à 39,24 milles du premier
5. Macif à 50,03 milles du premier

Le Mini Mag Maître CoQ
Le check du matériel
Très régulièrement, les marins procèdent à une vérification du gréement, des voiles, des appendices… Ils surveillent en priorité les points d’usure, là où il y a d’inévitables frottements ou chocs (points d’attache des voiles, barres de flèche, quille, etc.)
Pendant un coup de vent, impossible d’effectuer ce tour du propriétaire. L’urgence est alors de naviguer de façon sécuritaire pour les hommes avant tout : ils évitent d’aller sur le pont et à l’avant du bateau. Et de toute façon dans ce cas-là, le bateau bouge beaucoup trop et le pont, sans cesse balayé par les vagues ne permet aucune inspection approfondie et encore moins une réparation.
Il faut donc attendre les moments de calme pour « checker » et éventuellement réparer les gros ou petits bobos. Lorsque cela est possible, les skippers montent en tête de mât pour vérifier les drisses.
Pendant une course au large, les marins bricolent sans cesse, il y a presque toujours quelque chose à consolider ou réparer à bord de ces Formules 1 des mers !