Trois semaines après son arrivée aux Sables d’Olonne, Jérémie Beyou prend le départ dimanche de son troisième Vendée Globe. Le deuxième pour Maître CoQ, entreprise vendéenne qui sera sur ses terres pour vivre ce grand moment. Affûté et ambitieux, le skipper affiche une belle sérénité, d’autant que les conditions météo s’annoncent idéales pour une mise en route particulièrement rapide et favorable aux bateaux équipés de foils.
© Eloi Stichelbaut / Maitre Coq
Un troisième départ, toujours autant d’émotion
Si la foule se presse de plus en plus nombreuse sur le Village officiel du Vendée Globe, les 29 skippers prêts à s’élancer dimanche pour la huitième édition de la course autour du monde en solitaire se font de plus en plus discrets, immergés dans leur bulle et concentrés sur la météo du départ. C’est évidemment le cas de Jérémie Beyou qui, fort de ses deux précédentes participations au Vendée Globe, sait désormais mieux gérer ces derniers instants de terrien, et notamment l’émotion liée à la séparation d’avec ses proches, qu’il a souhaité cette année anticiper. Contrairement à l’édition précédente, ses enfants sont ainsi restés à la maison : « C’est mieux pour eux et pour moi, parce que le jour du départ, c’est toujours difficile de donner beaucoup d’attention à ses proches. Cela n’a pas été facile de leur dire au revoir. Ils ont 9 et 13 ans, ils se rendent davantage compte de la durée de l’absence, ils savent aussi que cette course comporte des risques et qu’il peut y avoir de l’échec. Je suis très fier d’eux parce qu’ils ont bien pris sur eux, ils se sont serré les coudes entre frères. Ils vont suivre le départ à la télé, j’ai d’ailleurs promis de leur faire un petit signe spécial lors de la descente du chenal. Si on me voit faire des choses improbables à la télé, ce n’est pas que je me la raconte, mais ce sera une spéciale dédicace aux enfants ! » Cette descente du chenal, Jérémie ne s’en lasse pas, conscient qu’elle reste un moment très rare dans une vie de marin : « Jamais, nous ne sommes entourés par autant de monde, cela fait chaud au cœur d’être soutenu comme ça. Il faudra en profiter, mais ne pas non plus tomber dans l’émotion parce deux heures après, je serai en course. »
Un départ à 100% !
Les derniers instants, Jérémie les vivra avec son équipe technique qui débarquera peu avant 13h, le laissant seul pour négocier le départ de ce Vendée Globe 2016-2017 à 13h02. Un départ qui s’annonce cette année particulièrement favorable, avec une brise de nord d’une quinzaine de nœuds et surtout peu de mer, soit des conditions optimales pour les foilers, et notamment pour Maître CoQ. « C’est un scénario pas mal du tout, reconnaît Jérémie. Ce sont quand même des conditions décontractantes, on sent que c’est plus relax sur le ponton. » Les conditions seront idéales pour une descente très rapide du Golfe de Gascogne – les premiers sont attendus lundi matin au cap Finisterre ! -, elles seront aussi assez sollicitantes pour les hommes : « Techniquement, entre les bons choix de voiles à faire et les manœuvres à ne pas rater dans du vent de plus en plus soutenu, il y aura quand même du boulot. Et il y aura sans doute du monde en mer, notamment des pêcheurs vers le Cap Finisterre, il faudra être bien vigilant. » Les premiers choix stratégiques concerneront la zone de séparation du trafic (DST) au large du Cap Finisterre, à passer à l’intérieur ou à l’extérieur, puis le contournement de l’anticyclone des Açores. « La situation est cependant assez claire » aux yeux du skipper de Maître CoQ qui s’attend à un début de course très engagé de la part des favoris : « On va essayer de viser le 100% plutôt que le 95 ou le 97, il n’y aura pas de retenue à avoir ! »
Quatre ans de travail à valider
Au moment de quitter le ponton de Port Olona puis de prendre le départ de son troisième Vendée Globe, Jérémie Beyou, s’il sera concentré à fond sur sa machine, aura une pensée pour son équipe et le travail accompli depuis quatre ans : « Je me retourne régulièrement sur le travail qui a été fait, je vois bien tous les moments charnières de ce projet qui est parti d’un échec sur le précédent Vendée Globe que nous avons vite assumé, en parvenant à redresser la barre. Nous avons posé les nouvelles pierres à l’édifice qui nous permettent aujourd’hui d’être ambitieux au départ du Vendée, avec une équipe bien équilibrée, un bateau Maître CoQ parfaitement optimisé et des partenaires qui nous ont accompagnés dans nos choix. Nous avons fait une grosse route ensemble, sans jamais perdre confiance en nous, je suis très fier de représenter cette équipe et ces partenaires. » Place désormais à la compétition pour le skipper dont la détermination est particulièrement forte : « Ils me disent tous que c’est maintenant à moi de faire le boulot, ils me mettent gentiment la pression. C’est légitime, parce qu’ils ont envie que leur travail aboutisse à un résultat sportif. Qu’ils aient confiance, je donnerai le maximum, je vais prendre soin de leur bateau, tout en essayant de le faire avancer vite. Et je suis persuadé que quand on se reverra dans trois mois, il y aura plein de sourires sur les visages. »