Solitaire du Figaro : Jérémie Beyou s’attend à une entrée musclée

29 mai 2015

Arrivé à Bordeaux depuis une semaine, Jérémie Beyou sent la pression monter peu à peu à l’approche du départ de la première étape de la Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire. Le skipper de Maître CoQ s’attend à une première étape musclée, avec notamment le passage d’une dépression dans la nuit de lundi à mardi générant des vents forts et une mer très formée. Dans ces conditions, les « gros bras » de la classe Figaro devraient être aux avant-postes, dont Jérémie Beyou, qui compte bien frapper fort d’entrée.

 

Jérémie, comment vous sentez-vous à l’approche de ce départ après une semaine bordelaise ?

Très bien. Je me suis bien reposé cette semaine, j’ai continué à faire un peu de préparation physique, des massages, du spa, cela m’a bien décontracté et je suis en pleine forme pour attaquer cette Solitaire. Je n’ai encore jamais gagné la première étape et cela me plairait bien de frapper fort d’entrée. Jusqu’ici, inconsciemment, j’avais tendance à en garder un peu sous le pied au début en me disant que la course se jouait surtout sur la troisième étape ou sur la fin, cette fois, j’ai bien l’intention de ne pas m’endormir. Si je suis dans le coup sur cette étape, je pense que j’arriverai ensuite à monter en puissance, c’est important pour moi de bien débuter.

 

Justement, comment s’annonce la première étape d’un point de vue météo ?

« Costaud ! La situation des 24 premières heures n’est pas encore très claire, nous allons sans doute partir au près bâbord amure vers l’ouest pour aller chercher le sud d’une dépression dont le centre est situé au sud de l’Irlande et qui descendra dans le Golfe de Gascogne. C’est là que les choses se gâtent, puisque cette dépression nous concernera lundi soir et dans la nuit de lundi à mardi. Les fichiers indiquent 33 nœuds et des rafales à 42 nœuds, le tout dans 5 mètres de mer. Ce sera très costaud ! Autant dire qu’il faudra parvenir lors du début de course à bien se reposer avant ce gros morceau qui, sur une première étape, peut faire des dégâts. »

 

La suite du programme ?
« Nous allons virer au milieu de la nuit de lundi à mardi, la dépression continuera son chemin en se décalant dans l’est, pendant que nous ferons route vers l’ouest-sud-ouest, direction la corne de l’Espagne. Nous retomberons ensuite sous l’influence de l’anticyclone des Açores avec un vent qui va adonner en sortie de nuit. Nous aurons alors un bord de reaching très solide avec de la houle d’ouest de 5 mètres et 40 nœuds de vent, passant ensuite à 30 puis à 20. Il faudra remettre de la toile, le petit spi, puis le grand spi, tout en faisant attention à ne pas aller trop près de la côte car cela risque de « tamponner » avec du vent mou vers le Cap Ortegal (proche de La Corogne). Et pour clôturer le tout, le vent de nord-est se renforce sur la fin de l’étape, 20 nœuds fichiers, ce qui veut dire 30 en réel, donc une petite centaine de milles sous spi qui peut aussi faire des dégâts. »

 

Quel genre de dégâts ?

« D’abord de gros écarts entre les premiers et le reste de la flotte, dans la mesure où, normalement, vu ces conditions musclées, les gros bras du circuit devraient se retrouver en tête, ce n’est a priori pas une étape à grosse surprise. Des dégâts matériels ensuite car, que ce soit au près ou au portant, nous allons naviguer et manœuvrer dans du vent fort, ce qui implique forcément du stress de faire des petites bêtises. 100 milles de portant dans 30 nœuds, c’est du déjà vu, mais il y aura des empannages à faire, de la mer, si tu rates ton empannage et que tu ouvres ton grand spi en deux. Donc je pense que nous aurons tous un peu l’appréhension de casser, ce qui est handicapant pour la suite. Le dosage sera difficile à trouver entre une stratégie offensive et une plus conservatrice pour épargner le matériel, au risque de laisser filer celui qui serait davantage à l’attaque.