Les 40ème Rugissants et les 50ème Hurlants... Froids dehors, chaud devant !

28 novembre 2016

Bien rouler les r et dire « Rrrrrrroaring Forties » soit quarantièmes rugissants en anglais. Cela donne un peu plus l’idée du bruit et des vagues qui roulent et qui déferlent… Ce nom n’est pas venu par hasard et a été donné par les marins aux latitudes situées entre le 40e et 50e parallèle dans l’hémisphère Sud, appelées ainsi en raison des vents forts établis, venant majoritairement des dépressions venant de l’Ouest et tournant autour du pôle Sud. Terrible… Froid dans le dos et ce, dans tous les sens du terme !

Il faut savoir que c’est la proximité de l’océan glacial Antarctique qui est à l’origine de ces violentes tempêtes, réputées pour être les plus fortes sur notre petite terre. 90% de la glace de la planète se trouve en Antarctique. La différence de température entre la glace et les eaux de l’océan génère un mouvement d’air qui se déplace autour de l’Antarctique et qui crée à son tour une succession de dépressions. Vents violents, mer formée qui ne connaît aucune terre pour être cassée. Ici, la houle prend des dimensions XXL. Et lorsque le marin pointe son étrave dans les 40e Rugissants, il sait qu’il devra également tutoyer les 50e Hurlants, et ce pour un mois.

A partir de ce moment-là – même si le Vendée Globe s’y déroule en été pour l’hémisphère Sud – les marins savent que les températures vont chuter, que la pluie va s’inviter quand ce n’est pas une tempête de neige sur le pont. Les visibilités chutent, les ciels deviennent gris et les montagnes d’eau déroulent autour du bateau l’entourant d’écume blanche quand celle-ci ne s’effondre pas dans le cockpit du bateau. Sortir à l’extérieur de l’habitacle devient un acte à anticiper… dans sa tenue, dans son attention, dans l’optimisation de ses gestes. Penser au bateau, à sa propre sécurité, se protéger du froid et des projections d’eau glacée sachant que si la vie à l’extérieur n’est pas humaine, elle n’en est pas moins stressante à l’intérieur. Bruits sourds des paquets d’eau qui s’abattent sur le pont, vibrations de la quille qui emplissent l’habitacle, froid ambiant qui glacent les articulations, veille radar pour tenter de percevoir la présence d’un iceberg ou d’un growler (petit morceau de glace dérivant), sans oublier une pénombre permanente… Les 40e Rugissants et 50e Hurlants ne portent pas leurs noms par hasard.