Le Cap Horn ou la porte de la délivrance.

27 décembre 2016

Notez bien ces coordonnées : 55°58’47’’ S / 67°17’21’’ W. Point le plus austral des terres rattachées à l’Amérique du Sud, l’île Horn fait partie du petit archipel des Iles Hermite, à l’extrémité sud de la Terre de Feu. Nous sommes au Chili et non en Argentine comme beaucoup pourrait croire. L’origine de ce nom est hollandaise, le nom venant tout simplement de la ville de Hoorn aux Pays-Bas. Vous avez compris : on doit la découverte et le premier passage au large du Horn, un certain 26 janvier 1616, à deux Néerlandais. Jacob Le Maire accompagné du navigateur William Schouten, ce dernier étant né comme par hasard dans la ville de… Hoorn, cherchaient une nouvelle route commerciale. Bien joué. Facile à repérer, le Cap Horn est une île haute de 425 mètres, longue de 6 km pour 2 km de large. Habité, le Horn héberge une famille chilienne et les seuls résidents permanents sont un gardien de phare et les siens. À proximité du phare, on trouve un mémorial en forme d’albatros, en l’honneur des marins qui moururent en tentant de doubler ce fameux Cap des Tempêtes ou encore Cap Dur comme on le surnomme dans la marine ancienne.

Il faut dire que ce Cap conjugue toutes les caractéristiques pour être le catalyseur des plus belles tempêtes. Situé à 55° Sud, il est le plus sud des grands caps. De plus, les dépressions se succédant les unes derrière les autres, elles se retrouvent subitement coincées par un effet entonnoir créé par la cordillère des Andes et la péninsule Antarctique. Du coup, les vents s’engouffrent dans ce passage étroit de Drake et prennent encore plus de souffle. Qui dit vent, dit bien évidemment vagues… Aussi, ces dernières libres d’obstacle pendant toute la traversée de l’océan Pacifique se trouvent subitement coincées par le détroit et butent sur la remontée des fonds du continent Américain. Résultat, elles prennent encore plus de puissance et peuvent atteindre des hauteurs gigantesques… On parle d’ailleurs, dans les livres, de vagues monstrueuses, appelées scélérates, pouvant atteindre les 30 mètres de haut. Imaginez un immeuble de 8 étages qui vous poursuit et vous comprendrez alors le sens du mot monstrueux !

Maintenant, ce tant redouté et réputé Horn est aussi la porte de la délivrance pour nos marins du Vendée Globe. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il marque la fin du tour de l’Antarctique, la fin de long mois de navigation dans les mers du Sud et dans ces contrées faites de tempêtes, de glaces, de froid, de neige et d’isolement. Une fois le Horn dans le sillage, cap au Nord. Cap vers des températures plus clémentes, vers des mers connues et plus empruntées, vers des systèmes météo moins violents… Mais pas pour autant moins piègeux. Ce serait trop beau !