Jérémie Beyou revient dans le match !

4 janvier 2017

Bientôt deux mois en mer pour Jérémie Beyou qui poursuit sa remontée de l’Atlantique Sud le long du Brésil à la recherche des alizés qui vont lui permettre d’accélérer d’ici la fin de semaine. Parvenu à grappiller une bonne moitié de son retard sur les deux hommes de tête du Vendée Globe, le skipper de Maître CoQ, troisième, compte bien se battre jusqu’au bout.

SAILING - AERIAL IB MAITRE COQ - 160916

Une transition bien négociée

Après une journée à bonne vitesse mardi, Jérémie Beyou appréhendait un passage de front incertain dans la nuit de mardi à mercredi, dans lequel il risquait d’être considérablement ralenti, cela n’a pas été trop le cas : « Je suis arrivé très vite dans ce phénomène et j’ai buté dedans tout d’un coup. Je me suis retrouvé dans de gros grains, avec des énormes pluies et zéro nœud de vent, ça ressemblait un peu au Pot-au-noir. Dans ces conditions, la girouette dit ce qu’elle veut, c’est difficile de se repérer, il faut regarder les nuages et trouver une porte de sortie. A un moment, j’ai entrevu du ciel un peu plus clair, j’ai visé cet endroit, ça m’a permis de m’extraire assez rapidement de la molle. Au final, j’ai réussi à sortir sans trop de dégâts, je suis plutôt en avance sur mes prévisions de route », a commenté mercredi matin le skipper de Maître CoQ. La suite ? Un long bord de près bâbord amure (vent venant de la gauche) vers le nord-est dans un vent assez instable pour aller chercher les alizés d’est et reprendre de la vitesse, cap au nord. « A un moment, il y aura un virement à faire quand le vent aura basculé, il va falloir que je me repose pour être bien réveillé pour ce virement de bord. Ensuite, au fur et à mesure que je vais progresser vers le nord, le vent va adonner et s’établir davantage, ça commencera à accélérer, je serai dans les alizés profonds d’ici un jour ou deux. »

Des écarts qui se réduisent

La remontée de la première partie de l’Atlantique Sud a souri à Jérémie Beyou, puisqu’il a réduit de moitié l’écart qui le séparait au passage du Cap Horn de ses devanciers, Armel Le Cléac’h et Alex Thomson. De quoi booster le moral du skipper de Maître CoQ qui, foils sortis, guette forcément ce qui se passe devant, et notamment la trajectoire d’Hugo Boss, dont il était distant de 400 milles mercredi matin. « C’est bon pour le moral, confirme-t-il. Je suis bien revenu à la faveur de la météo. J’essaie de bien tirer sur le bateau pour ne pas rater les phénomènes météo et profiter de l’aubaine de revenir. Depuis quelques jours, Alex hésite un peu sur sa trajectoire, il n’a pas l’air très rapide au près, maintenant, il va rentrer dans l’alizé profond, donc ça va repartir par devant, puis ce sera à mon tour. Je ne sortirai pas à 1000 milles de lui à l’équateur, plutôt à 500-600, si ça peut lui mettre un peu la pression, pourquoi pas ? En tout cas, je serai là, à moi de ne pas faire d’erreurs. »

Deux mois de mer, ça use…

Jeudi, Jérémie Beyou attaquera son 60e jour de course, soit deux mois passés en mer loin de tout. Ce qui lui manque le plus à ce stade du Vendée Globe ? « Un vrai repas – des légumes, de la viande, une bonne tranche de steak de thon – et un bon lit, je donnerais cher pour dormir plus longtemps qu’une heure d’affilée. » Cela n’est pas encore au programme pour le skipper de Maître CoQ qui essaie de ne pas trop se focaliser sur le moyen terme, avant tout concentré sur la bonne marche et la santé de son bateau. « Il faut en prendre soin, il reste plus de quinze jours de course, il ne faut pas qu’il me lâche. Le moral a des hauts et des bas en fonction de ce qui va ou de ce qui ne va pas sur le bateau, je n’ai pas eu beaucoup de répit en deux mois de ce côté-là. C’est un aspect du Vendée Globe que je n’avais pas forcément bien intégré, je ne pensais pas que c’était aussi prépondérant, mais je me suis pris au jeu et j’essaie d’anticiper, j’ai le souci permanent de contrôler le bateau. » Et de garder la « gnaque » qui caractérise le skipper : « Même si ce n’est pas évident, parce que deux mois, ça commence à tirer sur le bonhomme, il faut garder le moral, avoir un caractère accrocheur, c’est super important de ne pas se démobiliser. Nous sommes deux, le bateau et moi, il faut que les deux tiennent. »