En attendant le Cap Frio

20 novembre 2013

Toujours pointé en troisième position de la Transat Jacques Vabre, le duo Maître CoQ est plus que jamais concentré sur sa vitesse, tout en préservant sa monture dans cette mer hachée. À la poursuite des deux leaders, eux mêmes pourchassés, Jérémie Beyou et Christopher Pratt sont à 100% sur l’optimisation des réglages de leur bateau… en attendant de nouvelles opportunités stratégiques d’ici 48 heures environ, au large du Cap Frio.

Finis les grands surfs sous spi, les longues et grisantes heures de barre à glisser au plus vite en veillant au grain. Depuis leur sortie du Pot au Noir, dimanche, le rythme a sensiblement changé à bord de Maître CoQ . Travers au vent dans une mer très formée, la vie est « penchée » pour les deux marins, et franchement humide ! « On est aspergé à l’extérieur et on transpire à l’intérieur ! » , résume Christopher.

À cette allure-là, malgré les vagues, le bateau est bien calé dans le lit du vent et le pilote peut enfin prendre le relai des skippers : une première après 13 jours de course. Jérémie et Christopher en profitent pour passer encore plus de temps à régler leurs voiles au millimètre et à étudier de très près les fichiers météo à 48 heures…

Tous les coups seront permis !
Dans deux à trois jours en effet, la tête de flotte des Imoca devrait arriver au large du cap Frio. Cette pointe marque l’entrée de l’immense baie de Rio de Janeiro, longue de près de 800 km, et au bout de laquelle se trouve Itajaï… Cette zone de navigation est réputée pour ses orages, ses calmes et ses grains. Les bateaux de pêche y sont aussi très nombreux.
Et, pour pimenter encore la donne stratégique du final de cette transat, une petite dépression se profile à l’horizon. La contourner par l’est (près des côtes) ou par l’ouest (au large) : telle est la question ! « Ce sera complexe et technique » , prévient Jérémie.

À 400 milles de la ligne d’arrivée, tous les coups seront donc permis. Chaque duo de ce club des cinq bateaux de tête de la flotte Imoca va tout donner. Ces marins-là se connaissent par cœur. Ils s’entraînent ensemble depuis des années. Ils ont déjà été concurrents sur de très nombreuses courses. Il faudra donc réussir à surprendre l’autre, à exploiter le petit « coup » météo que les autres n’auront pas.

Gare à la casse
Le skipper Maître CoQ est aussi particulièrement attentif à la gestion du matériel. Cette navigation dans les alizés de l’hémisphère sud est réputée pour être « casse-bateau ». « On tire beaucoup sur les bateaux depuis quatre jours… il faut être très vigilant » , se souci le skipper de Maître CoQ.

Les premiers Imoca sont attendus entre dimanche et lundi à Itajaï.

 
Jérémie Beyou, skipper Maître CoQ : « Je pense que nous n’avons pas eu les mêmes conditions de vent que ceux de devant, d’où les différences de vitesse. Ce n’est pas non plus l’allure de prédilection du bateau, il y aura des développements à faire dessus pour ça. Mais je trouve aussi que l’on tire beaucoup sur le matériel depuis quatre jours. On surveille ce que l’on peut surveiller, mais tout ce qui est sous le vent, les appendices, les petites pièces d’accastillage du gréement : on ne le verra qu’à l’arrivée. Les bateaux sont conçus pour ça bien sûr, mais quand même…
Devant, la stratégique s’annonce complexe. Il y a une petite dépression à négocier. La question est de savoir si on va la jouer au large ou à la côte. Cela risque de créer de gros écarts latéraux. C’est aussi une zone à grains orageux. Il faudra se méfier de tout : ce sera complexe et technique ! »

Réaction de Jérémie à la qualification de l’équipe de France de football à la Coupe du Monde « Je suis très content de la qualification de l’équipe de France, parce qu’une Coupe du Monde sans son équipe nationale, ça n’a pas du tout le même intérêt. J’ai de super souvenirs de gamin quand je suivais ça, et là, j’ai envie de le faire découvrir à mes enfants : avec l’équipe de France dans la course, ce sera beaucoup plus sympa ! »

Christopher Pratt, co-skipper Maître CoQ : « Nous sommes au travers, c’est penché et mouillé ! Les deux bateaux de devant sont un peu moins rapides que nous ce matin et derrière en revanche, ça revient un peu. Pour l’instant nous avons 15 à 20 nœuds de vent, on va à 14 – 15 nœuds de vitesse. La mer est toujours formée : c’est très humide partout ! On se fait asperger dehors et on transpire dedans !
Ça fait un peu le yoyo en fonction de la force du vent. Il y en a encore pour deux jours au moins comme ça, au travers. Ensuite, le vent va adonner, le jeu va s’ouvrir. Il y aura des empannages à placer. Il faudra aussi bien réfléchir à quelle distance s’approcher des côtes… Il reste encore 4 à 5 jours de mer, l’arrivée est pour l’instant prévue entre dimanche et lundi, mais d’ici là, les cartes pourront être redistribuées au cap Frio. »

Positions du 20 novembre à 8h00 :
1. Macif à 1380,50 milles de l’arrivée
2. PRB à 15,86 milles du premier
3. Maître CoQ à 88,64 milles du premier
4. Safran à 118,90 milles du premier
5. Cheminées Poujoulat à 197,41 milles du premier

 

Mini Mag Maître CoQ
Chaleur et humidité tropicales : Les climats tropicaux et équatoriaux sont loin d’être confortables pour les marins. Sur des bateaux rapides comme les Imoca (et à fortiori à bord des multicoques), le vent, les embruns apportent une certaine fraîcheur, mais l’humidité est omniprésente et les skippers conservent leur ciré.
Au portant, le vent venant de l’arrière, il fait tout de suite beaucoup plus chaud, les cirés sont alors enfin rangés, mais gare alors aux morsures du soleil : écran total, manches longues, chapeau… les longues heures de barre se font sous haute protection !
À l’intérieur du bateau en revanche il fait très chaud. Trouver le sommeil, malgré la grosse fatigue d’une fin de transat, y est parfois difficile.